VIE DE JOSEPH ROULIN
D'APRÈS PIERRE MICHON
INTERPRÉTATION ET MISE EN SCÈNE
THIERRY JOLIVET
MUSIQUE
JEAN-BAPTISTE COGNET
YANN SANDEAU
VIDÉO
FLORIAN BARDET
LUMIÈRE
DAVID DEBRINAY
NICOLAS GALLAND
SONORISATION
MATHIEU PLANTEVIN
RÉGIE GÉNÉRALE
NICOLAS GALLAND
CONSTRUCTION
CLÉMENT BRETON
NICOLAS GALLAND
STAGIAIRE CONSTRUCTION ET PLATEAU
MAUREEN BAIN
CRÉATION 2019
PRODUCTION
LA MEUTE - THÉÂTRE
COPRODUCTION
LES CÉLESTINS - THÉÂTRE DE LYON
THÉÂTRE JEAN-VILAR - BOURGOIN-JALLIEU
AVEC LE SOUTIEN
DE LA VILLE DE LYON
DE LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
DE LA SPEDIDAM
DU THÉÂTRE NOUVELLE GÉNÉRATION
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DE LYON
DU THÉÂTRE DU PEUPLE - BUSSANG
DE L'ALLÉGRO - MIRIBEL
L'histoire tragique de Vincent Van Gogh, qui fut le plus grand peintre de son temps et ne le sut jamais, cette histoire nous la connaissons, nous croyons la connaître. Et pour cause, nous en avons parcouru le décor tout au long de notre existence au gré des tableaux. Nous avons déambulé dans la nuit d'Arles, sous les étoiles tourbillonnantes. Nous sommes chez nous dans le café rouge, dans la chambre bleue, et rien ne nous a illuminé comme le fracas jaune du soleil sur les blés de Provence. Nous avons grandi, rêvé, vécu face à ces tableaux.
Mais l'histoire de Van Gogh en vérité, comment la connaîtrions-nous ? Comment la connaîtrions-nous quand elle nous est parvenue comme patrimoine via l'expertise posthume de la critique et du marché ? Pour l'entendre enfin cette histoire, peut-être nous faut-il la revivre selon le point de vue d'un homme qui jamais n'aurait pu se douter que la peinture de Van Gogh finirait un jour par obtenir quelque succès, fût-ce dans la mort, un homme qui n'entendait rien à la peinture ni aux peintres, que par conséquent peut-être il était seul à fréquenter vraiment : Joseph Roulin, employé des Postes, alcoolique et républicain, que Van Gogh peignit à plusieurs reprises, et dont tout porte à croire qu'il fut aussi son ami.
Par les yeux du facteurs Roulin, nous regardons le spectre décharné de ce fou de Vincent et nous voyons un homme, ni plus ni moins, c'est-à-dire à la fois un dieu et un cafard, un pauvre type qui repousse les limites de l'acharnement, qui hurle dans un espace vide pour le monde qui ne lui répond pas, et qui pourtant continue de hurler, qui fait un acte de foi, pour personne, pour rien, et qui en crève. Et tous deux, le facteur rouge et le peintre fou, tous deux nous émeuvent, simplement, comme jamais, car comme jamais nous comprenons qu'aussi bien ils sont nos frères. Racontant leur histoire nous franchissons le seuil, entrons à l'intérieur des tableaux de Van Gogh qui sont un monde, un monde perdu dans lequel nous rêvons de nous tenir toujours.
Thierry Jolivet
Mai 2018