

LES CARNETS DU SOUS-SOL
CRÉATION 2012
D'APRÈS FÉDOR DOSTOÏEVSKI
MISE EN SCÈNE : THIERRY JOLIVET
ASSISTÉ DE ÉLÉNA BRUCKERT
SON: JEAN-BAPTISTE COGNET
AVEC FLORIAN BARDET
LUCAS DELESVAUX
QUENTIN GIBELIN
JESSICA JARGOT
FRANÇOIS JAULIN
NICOLAS MOLLARD
MARION PELLISSIER
LUMIÈRE : DAVID DEBRINAY
PRODUCTION : LA MEUTE
AVEC LE SOUTIEN
DU THÉÂTRE DE VÉNISSIEUX
ET DE LA VILLE DE LYON
Au commencement, un paysage d'après l'apocalypse. Dans le sous-sol, toute vie s'est suspendue, brutalement, il y a des siècles. Le délabrement et l'érosion ont fait leur oeuvre. La poussière a recouvert le monde. Vestiges. Une bâche est tendue à deux mètres du sol. On tient à peine debout. De rares brèches laissent filtrer ce qu'il reste de lumière au-dehors. Clair-obscur. Échos lointains de pauvres chansons romantiques. L'homme du sous-sol est là, seul. Presque nu. Perdu parmi les débris du monde. Dévasté.
L'homme du sous-sol, c'est « celui par qui le scandale arrive ». Miroir grossissant du drame de nos vies, sa gesticulation nous révèle à nous-mêmes, sans manières. On en sort étreint, bouleversé, mais aussi renseigné sur notre époque : la publicité et les médias de masse tendent à faire de nous de petits insectes veules, mesquins, jaloux, et dans le même temps nous entretiennent dans la nostalgie de l'héroïsme et l'aspiration au vedettariat. Cette dichotomie funeste n'est pas sans lien avec la grimace du héros souterrain, trop lucide pour ne pas connaître sa propre insignifiance, mais trop abîmé pour espérer y changer quoi que ce soit. Impuissant à être au monde.
Thierry Jolivet
Avril 2012